L’Antisémitisme

L’antisémitisme ne peut faire bon ménage avec le catholicisme, l’antisémitisme est par essence totalement paien, et la haine des Juifs attaque indirectement le christianisme. En tant qu’Homme, le Crucifié était aussi Juif, et Sa Mere, Marie, était Juive.

15.12.2010

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Le texte de Jerzy Turowicz a paru dans "TP" n° 11/57 et dans la vie du rédacteur en chef de la revue il a été le premier d'une longue série d'articles significatifs sur le theme des rapports entre Polonais et Juifs et entre chrétiens et Juifs. En 1992, a l'occasion de son 80e anniversaire, leur auteur citait le conseil qu'avait autrefois reçu Wacław Zbiszewski d'un vieux journaliste: "Si vous envisagez de vous consacrer au journalisme, souvenez-vous que le pain n'est pas des plus faciles a gagner, mais on peut survivre d'une maniere ou d'une autre a condition de se garder comme du feu de deux themes - les Juifs et l'Église catholique..."

"Il se trouve que l'immense majorité de ce que j'écris concerne justement l'Église catholique et les Juifs..." commentait alors Jerzy Turowicz.

J’ai quitté Varsovie le 19 avril 1943. Ce jour-la, des avions tournaient plus intensément que d’habitude dans le ciel de Varsovie, dans toute la ville on entendait le fracas des mitrailleuses et les détonations. Dans le train, déja, j’avais appris  qu’une insurrection avait éclaté dans le ghetto, que des détachements de SS procédant a la liquidation du ghetto avaient rencontré une résistance armée. Des gens n’ayant presque aucune chance de salut affrontaient le fascisme hitlérien non pour sauver leur vie mais pour le salut de leur propre dignité humaine.

L’insurrection du ghetto de Varsovie était le point culminant du combat du peuple juif contre l’hitlérisme. Les années 1939-1945 sont les années de la plus grande tragédie dans l'histoire de ce peuple. Sur une population de trois millions et demi de Juifs polonais, pres de trois millions ont péri dans des chambres a gaz et sur des lieux d’exécution. Dans ce meme temps, plusieurs millions de Juifs d’autres pays européens ont péri. Des Polonais périssaient alors dans des camps de concentration et des prisons pour avoir résisté a l’occupation allemande, pour avoir combattu le nazisme. Les Juifs, pour la plupart, périssaient uniquement parce qu’ils étaient Juifs.

Cette communauté des gens alors persécutés, qui souffraient, qui combattaient, avait assez fondamentalement modifié les rapports polono-juifs dans notre pays. Dans une immense partie de la société polonaise, les traces d’antisémitisme avaient disparu, a sa place était apparu un sentiment de solidarité, était apparue - largement mise en ouvre - la volonté d’aider les gens persécutés. Au moment de l’insurrection du ghetto, l’étonnement de voir un peuple combattre jusqu’au bout dans une sitution aussi désespérée s’est ajouté a ces sentiments.

J’estimais alors, comme beaucoup de gens, qu’il n’y aurait pas d’antisémitisme dans la Pologne future, que ce phénomene lugubre appartiendrait une fois pour toutes au passé. Et cela, pas seulement parce qu’il y aurait peu de Juifs en Pologne apres la guerre.

Aujourd’hui, en 1957, il semble que cette conviction d’alors était une illusion. Depuis un certain temps, une âpre campagne contre l’antisémitisme se déroule dans les colonnes de notre presse. Ainsi donc, l’antisémitisme existe. Il faut alors se demander quelle est sa portée, son caractere et sa source.

J’affirme qu’en Pologne, dans les années qui ont suivi la guerre, l’antisémitisme - en principe - n’existait pas. Certes, un pogrom a eu lieu a Kielce en 1946 - si je ne me trompe -, avec une large répercussion a travers le monde. J’estime cependant, comme nombre de gens en Pologne, que les circonstances de ce pogrom n’ont pas été convenablement élucidées jusqu’a présent. Au cours des années suivantes, jusqu’en 1956, on n’a rien écrit sur l’antisémitisme et on n’a rien entendu non plus concernant ses symptômes. En Pologne, aujourd’hui, il n’existe aucun milieu ni aucun groupe politique ou idéologique qui prônerait l’antisémitisme. A cet égard, de grands changements sont intervenus dans la mentalité de la société polonaise apres 1939. Il est permis d’affirmer qu’en Pologne, en tant que ligne directrice de programme et vision du monde, l’antisémitisme a été brisé.

Néanmoins, au cours de l’an passé la presse a rapporté une manifestation sporadique d’antisémitisme et, qui plus est - chose inattendue -, cet antisémitisme s’est révélé etre une tendance chez certains membres du Parti. Tendance quantitativement minime et combattue, mais qui existe et qui se manifeste a divers échelons de l’organisation du Parti. De cette forme d’antisémitisme on peut dire qu’elle est une sorte de marchandise importée qui exploite uniquement certaines dispositions encore existantes dans la société polonaise.

Le but de ce genre d’antisémitisme est, d’une part, d’obtenir une popularité facile parmi les éléments assez peu informés de la population; de l’autre, de profiter de ce groupe de Juifs assez peu nombreux aujourd’hui en Pologne comme bouc émissaire destiné a détourner l’attention des questions essentielles et des causes du mal en divers domaines. On a donc tenté de lancer cet antisémitisme avec une intention consciente de provocation, une intention de diversion, l’intention de corrompre le camp des réformes et de la démocratisation et son programme. Il n‘est pas nécessaire d’ajouter que ces tentatives ne méritent que la condamnation la plus sévere.

Mais cela n’épuise pas le probleme actuel de l’antisémitisme en Pologne. Apres un premier lancement ici et la, les slogans antisémites trouvent un terrain réceptif dans la masse de la société. Ensuite, le fait est que dans le groupe réduit de Juifs vivant aujourd’hui en Pologne - il ne dépasse sans doute pas les cent mille - un énorme pourcentage quitte la Pologne ou envisage de partir. On parle de vingt a vingt-cinq mille demandes de passeports pour l’étranger déposées par des Juifs. La presse interntionale traite largement de ces questions, ajoutant en commentaire que ces départs sont le résultat de l’antisémitisme qui se répand en Pologne. L'affaire n’est pas si simple. Au cours des années passées, beaucoup de Juifs ont voulu quitter la Pologne pour Israël ou pour d’autres pays, soit parce qu’ils considerent Israël comme leur nouvelle patrie, soit encore parce qu’ils ont de la famille a l’étranger, qu’ils voudraient rejoindre. Auparavant, ils ne pouvaient quitter la Pologne, maintenant ils le peuvent, ils partent donc. Mais il ne fait pas de doute non plus que l’un des motifs des départs est aussi l’antisémitisme, qu’ils soit d’actualité ou qu’on craigne de le voir se répandre.

Eh bien j’estime que dans la situation intérieure polonaise d’aujourd’hui cette crainte n’est pas fondée. L’antisémitisme polonais s’est brisé pendant l’occupation, une grande partie des microbes qui le composent ont été anéantis. Je suis pourtant loin de négliger l’antisémitisme qui se manifeste ici et la, je pense qu’il faut lutter contre ces manifestations-la, c’est aussi pourquoi nous nous ocupons de cette question dans les colonnes de "Tygodnik Powszechny".

L’antisémitisme est malheureusement une assez vieille tradition en Pologne; avant la guerre, une partie relativement importante de la société en subissait l’influence, aujourd’hui aussi, dans les couches moins distinguées, au mode de pensée nettement plus primitif, une certaine réceptivité aux slogans antisémites demeure.

Aux sources de l’antisémitisme il y a le caratere distinctif des Juifs dans les sociétés au milieu desquelles ils vivent, l'existence d'une communauté ethno-culturelle juive, qui dure depuis deux mille ans malgré la diaspora et peut-etre meme, dans une certaine mesure, grâce a la diaspora, grâce a la situation provoquée par la dispersion; une communauté que ne peuvent biffer des générations entieres, parfois, d'assimilés. L'antisémitisme, d'ailleurs associé, en principe, avec le nationalisme, profite de cette particularité des Juifs, leur attribuant en tant que groupe social divers caracteres négatifs, en les accusant d'influences destructrices. Sous une forme extreme, l'antisémitisme prend la forme d'une vision du monde mystico-magique irrationnelle qui impute aux Juifs la responsabilité de tout le mal, les accusant de quelque conspiration mondiale dirigée contre toute la partie non juive de l'humanité et dont le but est la domination du monde. Le résultat de l'antisémitisme est l'aversion, l'hostilité, la haine des Juifs, l'aspiration a leur isolement et a leur élimination de la vie de la société dont ils font partie, ce qui conduit a son tour au boycottage, aux pogroms et aux crimes.

Nous n'allons pas engager ici une discussion détaillée sur les theses de l'antisémitisme. D'abord, sous sa forme développée, comme idéologie, aujourd'hui en Pologne l'antisémitisme n'existe pas; ensuite, cette discussion sur ces theses-la, nous l'avons déja eue polusieurs fois, établissant leur absurdité et leur absence de fondement. On a aussi démontré souvent que l'un des plus grands torts causé a toute société par l'antisémitisme est le fait qu'en expliquant mythologiquement tout le mal par l'action des Juifs il détourne l'attention des causes effectives du mal, qui résident généralement dans une structure défectueuse, ou aussi dans l'organisation défectueuse des rapports sociaux, économiques ou politiques, ce qui dispense du meme coup de l'effort conscient visant a éliminer ces causes effectives du mal.

Nous voudrions attirer ici l'attention seulement sur deux choses. Sur la question de la place des Juifs en Pologne ainsi que sur la queston du rapport entre l'antisémitisme et le catholicisme.

Question premiere. Les antisémites affirment que la Pologne appartient exclusivement aux Polonais, que les juifs y sont un élément étranger et nocif, qu'il convient par conséquent de réduire au maximum leur influence sur la vie de notre pays. Les antisémites oublient tout de meme d'ou les Juifs de Pologne sont venus. Ils oublient que les Juifs sont arrivés en Pologne voici quelques centaines d'années parce qu'ils étaient persécutés ailleurs alors que la Pologne s'honorait avec raison de son hospitalité et de sa tolérance. Mais aujourd'hui ce n'est plus a la tolérance et a l'hospitalité qu'il faut se référer lorsqu'il s'agit de la question des Juifs. Apres quelques centaines d'années de coexistence avec les Polonais sur un territoire qui s'étend des Tatras a la baltique, les Juifs ont ici un droit de co-gestion. Qu'ils soient trois millions ou cent mille. Ils ont leur part dans l'histoire de notre pays, dans sa gestion et dans sa culture. Les antisémites disent que cette participation des Juifs a été mauvaise et préjudiciable. Eh bien, un jugement si global n'a aucun fondement. En revanche, bien sur, l'influence des Juifs fut parfois mauvaise. Tout comme l'influence des Polonais. Les uns et les autres sont des hommes.

Nous avons récemment publié dans "Tygodnik Powszechny" un poeme consacré a la mémoire de Julian Tuwim pour l'anniversaire de la mort du poete. Nous avons alors reçu pas mal de lettres de lecteurs mécontents, parce que Julian Tuwim était Juif et qu'il a écrit des poemes immoraux. Julian Tuwim a effectivement écrit un certain nombre d'ouvres que, du point de vue de la morale chrétienne, nous n'aurions pu  louer.

Mais le fait est que de nombreux poetes polonais d'origine aryenne ont aussi écrit des poemes immoraux et que, d'une maniere ou d'une autre, on l'a oublié car ils n'étaient ou ne sont pas Juifs. Le fait est que Julian Tuwim appartient - en dépit de ce que voudraient les antisémites - a l'histoire de la littérature polonaise. Appréciant hautement l'art poétique de Tuwim, je ne suis pas un fervent de sa poésie, j'estime que dans sa génération, tout comme dans la génération suivante,  il y a de plus grands artistes que Tuwim. Mais cela ne change rien au fait que la place de Tuwim dans la culture polonaise est incontestable, car ce ne sont ni la race ni le sang qui en décident mais l'enracinement dans la chair vive de la culture.

Passons ensuite a la question des rapports entre le catholicisme et l'antisémitisme. Eh bien, dans l'histoire ancienne comme dans l'histoire contemporaine l'antisémitisme s'est parfois propagé parmi les catholiques. Il est vrai que ce n'est pas une regle. Dans l'Amérique protestante, l'antisémitisme va généralement de pair avec l'anticatholicisme (et avec le racisme dirigé contre les Noirs), le nazisme néopaien dirigeait son aiguillon aussi bien contre les Juifs que contre le christianisme. L'Église a maintes fois condamné l'antisémitisme, dans la Pologne d'avant-guerre il y avait des milieux catholiques qui s'opposaient a la vague d'antisémitisme; pendant l'occupation, les catholiques et les organisations catholiques clandestines ont joué un rôle important dans l'action d'aide aux Juifs, et plus d'un enfant juif a survécu a ces années de mépris caché dans un couvent catholique.

Étant donné qu'aujourd'hui, cependant, tout comme avant la guerre, l'antisémitisme se manifeste parmi les catholiques, il faut le dire nettement: l'antisémitisme ne peut faire bon ménage avec le catholicisme, l'antisémitisme est par essence  totalement paien.

Les antisémites ont parfois recours a une motivation religieuse assez primitive: il faut hair les Juifs parce que c'est de leurs mains que le Christ, le Dieu-Homme, a péri sur la croix. Oui, seulement le Crucifié, en tant qu'Homme, était également Juif et Sa Mere, Marie, était Juive. Juif, Pierre, le Roc sur lequel est bâtie l'Église, l'était aussi, Paul de Tarse, l'apôtre des nations, véhément et passionné, était un Juif pure race. D'autres apôtres et évangélistes étaient Juifs, cependant que les livres sacrés de la chrétienté, l'Ancien et le Nouveau Testament, appartiennent en meme temps au trésor national de la littérature juive. Les liens entre le christianisme et le judaisme sont directs et bien plus profonds qu'un antisémite moyen ne le suppose. La haine des Juifs frappe directement le christianisme.

Elle frappe aussi le christianisme parce que l'antisémite n'a aucune notion de la signification effective de ce qui s'est passé sur le Golgotha il y a deux mille ans. Le "Peuple Élu" a été choisi au sein de l'humanité tout entiere afin de représenter cette humanité.

Ce peuple a rejeté le Messie et l'a crucifié au nom de l'humanité tout entiere. En un certain sens on peut dire que ce ne sont pas les Juifs qui ont crucifié le Christ, mais l'humanité tout entiere, la méchanceté du monde a laquelle tout homme a sa part. Les Juifs aussi. Le Christ est donc mort sur la croix pour tous les hommes. Dans cette perspective on peut parler de la diaspora comme d'une conséquence historique de la Crucifixion, mais dans cette perspective il n'y a nulle place pour l'antisémitisme.

Maritain dit que les chrétiens ne peuvent etre antisémites qu'en étant soumis a l'esprit du monde et non a l'esprit du christianisme. On peut dire davantage: le catholique qui est aussi antisémite n'est pas catholique au meme degré qu'il est antisémite. C'est donc la une sorte de catholicisme altéré.

L'antisémitisme ne fait pas bon ménage avec le catholicisme, car l'antisémitisme c'est la haine de l'homme pour la raison qu'il est Juif. Eh bien, le catholicisme permet et exige de hair le mal, mais il ne permet pas de hair l'homme. Le principal commandement du christianisme concernant les rapports entre les hommes c'est l'injonction d'aimer son prochain. Et le prochain c'est tout homme, indépendamment de sa race, de sa couleur de peau ou de ses convictions.

Le catholicisme preche le principe d'égalité de tous les hommes. Évidemment, les hommes sont différents les uns des autres, les individus se différencient comme tous les groupes sociaux par leur niveau de culture, de conscience, de morale, etc. Mais il n'y a ici aucun déterminisme. Chaque homme est doué de raison et dispose du libre arbitre, chacun est appelé a développer sa personnalité et a faire le bien, a chaque homme reviennent donc des droits fondamentaux découlant de sa nature.

La conséquence de cela, c'est l'universalisme de la vision catholique du monde. L'humanité constitue un tout. Par un effort collectif, l'humanité tout entiere bâtit l'édifice de la culture et l'édifice de l'histoire. S'il existe des antagonismes dans le parcours de cette humanité, c'est un inconvénient inévitable ans l'histoire de l'existence humaine, mais il ne faut pas accorder un caractere de principe a ces divisions, car le principe c'est justement la solidarité de l'espece humaine, justement l'universalisme.

Enfin, le catholicisme est personnaliste. Il considere chaque homme comme une entité close, raisonnable et libre, tenue de rechercher la vérité et de faire le bien. Tout homme possede ses droits inviolables et qui l'élevent au-dessus de la collectivité, tout homme porte en soi des possibilités illimitées de bien et de mal, chacun, enfin, est responsable de ses propres actes et seulement de ses propres actes.

Avec le nationalisme et le racisme, l'antisémitisme appartient a ces catégories de pensée qui éliminent aussi bien l'universalisme que le personnalisme. L'antisémitisme élimine l'universalisme car il scinde l'humanité en groupes antagonistes, il scinde le monde en races supérieures et inférieures, en bons et en mauvais. En dépit de ce que proclament les antisémites ou de ce qu'ils estiment, meme inconsciemment, la frontiere entre le bien et le mal ne passe pas au milieu des hommes. Le partage entre les bons et les méchants, la séparation de l'ivraie et du bon grain se fera un jour, au jugement dernier, selon d'autres criteres que nos criteres humains, lorsque le profil de chaque personnalité sera défini et que sera établi son bilan évaluant le bien et le mal. Ici, sur terre, la frontiere entre le bien et le mal passe par le centre de l'âme de chacun d'entre nous - Juif ou non Juif, catholique, d'une autre foi ou paien.

L'antisémitisme est antipersonnaliste car, au lieu d'une responsabilité personnelle de chaque homme pour ses propres actes, il établit une responsabilité collective du peuple, de la race ou du groupe social, car il enferme la personne humaine dans un singulier croisement de déterminisme matérialiste et d'interprétation magique, irrationnelle, du monde.

Ainsi donc, il n'y a pas d'accord entre l'antisémitisme et le catholicisme. S'il y a eu, en Pologne, avant la guerre, beaucoup de gens a concilier ces deux attitudes en eux-memes, ce n'est la qu'une preuve de la faiblesse intellectuelle et du caractere superficiel d'une bonne partie du catholicisme polonais, une preuve de la méconnaissance de l'essence du christianisme. Par bonheur, ce n'était pas un phénomene généralisé.

Aujourd'hui que l'antisémitisme n'est plus un phénomene de masse - en tout cas en Pologne, soulignons-le une fois encore -, mais alors que se manifestent des indices montrant qu'il pourrait renaître ici ou la, il fallait prendre la parole, fut-ce a titre prophylactique, afin d'empecher les tentatives de concilier des choses qui ne peuvent s'accorder.

Peut-etre ces dernieres réflexions ne seront-elles pas absolument évidentes pour tous les lecteurs de notre revue. Il faut cependant que pour chaque catholique en Pologne cette seule chose soit claire: tout antisémitisme est contraire a l'injonction d'aimer l'homme.

Sans doute y a-t-il parmi les lecteurs et les amis de notre revue des gens auxquels les opinions exprimées dans cet article ne plairont pas. A ces gens je dirai seulement: ces opinions ne sont pas quelque chose de nouveau chez nous, ellles ne procedent ni de la conjoncture ni de l'opportunisme. Les gens qui ont fondé "Tygodnik Powszechny" et qui le dirigent aujourd'hui ont proclamé et professé ces opinions pendant de longues années et meme avant 1939. Elles sont la seule et unique conséquence logique de notre vision du monde. Nous les publions parce que nous les considérons comme justes, que cela plaise ou non. Rien a faire. Amicus Plato, sed magis amica veritas ["Platon m'est cher, mais la vérité me l'est encore davantage"]. Répétons-nous: ce n'est pas chose possible que d'etre un catholique lucide tout en étant antisémite. Il faut choisir.

JERZY TUROWICZ (1912-1999) était le cofondateur de « Tygodnik Powszechny », dont il fut le rédacteur en chef  de 1945 a sa mort (avec une interruption entre 1953 et 1956 lorsque, pour son refus de publier une nécrologie de Staline étrangere a la rédaction, les autorités fermerent la revue et en transférerent le titre a l’Association PAX). En 1964, signataire de la Lettre des 34, protestation contre la politique culturelle des autorités de la République Populaire de Pologne ; en 1989, il participe aux discussions de la Table ronde ; en 1994 il est décoré de l’Ordre de l’Aigle Blanc. Ses articles, consacrés avant tout a la réforme de l’Église, aux témoins de l’Évangile et aux questions polono-juives, ont paru dans les livres intitulés « Chrétien dans le monde d’aujourd’hui » (avec un avant-propos de l’éveque Karol Wojtyła), « L’Église n’est pas un sous-marin », ainsi que dans un choix posthume : « Ticket pour le Paradis ». Jerzy Turowicz a également accordé une interview fleuve a Jacek Żakowski (« Trois quarts de siecle »). En 2012 doit paraître sa biographie préparée par Tomasz Fiałkowski.

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Artykuł pochodzi z numeru TP 13/2010

Artykuł pochodzi z dodatku „Żydownik Powszechny (Francais)