DES POINGS SERRÉS, CONTRE

On peut défendre la croix de telle sorte qu'on la profane. Oui, en vérité ce ne sont pas ceux qui sont contre la Croix du Christ qui exigent le déplacement ou l'enlevement des croix de la graviere, mais ceux qui les ont installées et ceux qui se prononcent en faveur de leur maintien.

15.12.2010

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Le texte du P. Stanisław Musiał a paru dans "TP"  n° 32/98.  Sur la graviere d'Auschwitz - située hors du terrain du camp, la ou les Allemands ont fusillé plus de cent prisonniers politiques polonais pendant la guerre - se poursuivait alors une action initiée par Kazimierz Świtoń visant a ériger d'autres croix (depuis 1988 la croix dite "du Pape" s'y trouvait, élément d'un autel devant lequel Jean Paul II avait prié lors de sa visite au camp d'Auschwitz en 1979). "Le groupe de M. Świtoń n'est pas né d'une fantaisie mais des tracasseries constantes et croissantes de la partie juive pour qu'on ôte la croix au plus vite" - disait alors le primat de Pologne, le cardinal Józef Glemp, qui qualifiait le P. Musiał de "partisan de l'option juive". Au bout de quelques jours, il est vrai, il adoucit son attitude et appela les éveques a s'efforcer de freiner les progres de cette "action étrangere a l'Église", mais le provincial de l'Ordre des Jésuites avait déja eu le temps d'imposer au journaliste de "TP" l'interdiction de formuler publiquement son opinion dans cette affaire et dans des affaires semblables. Vers la fin de mai 1999 toutes les croix, a l'exception de la "croix du Pape" furent transférées au couvent des franciscains a Harmęży, pres d'Auschwitz.

Il y a quelques jours, dans la graviere non loin de l'ancien camp d'Auschwitz, on a érigé une deuxieme croix, de trois metres de haut cette fois. Elle se dresse aupres de la premiere croix - sept metres de haut - érigée voici dix ans par des "inconnus" a la faveur de la nuit. Cette deuxieme croix a été érigée a la lumiere du jour par des "auteurs" connus qui ont eux-memes claironné leur exploit dans les médias. Selon l'annonce faite par certains, la graviere, tres bientôt, doit se remplir d'une foret de croix. Elle deviendra ainsi, paraît-il, la "Vallée de la Croix".

Le vilain jeux de croix d'Auschwitz se poursuit. Il ne s'agit évidemment ni de Dieu ni d'honorer la mémoire des victimes assassinées a Auschwitz. Parce que depuis bientôt pres de quarante-cinq ans que la guerre est finie aucun catholique ni aucun patriote ne s'est intéressé a ce lieu. Une herbe haute l'a envahi.

Qui devrait faire cesser ce jeu? Il y a dans ce pays une Instance qui devrait, de par sa vocation, mettre un terme a ce duel a la croix a Auschwitz. Pourtant tout indique que cette Instance s'est fourré la tete dans le sable et qu'elle veut - ce qui est pire - que l'opinion publique dans le pays et a travers le monde prenne cette attitude silencieuse pour une manifestation de vertu, de prudence et de considération civique.

Il fut un temps ou l'Église, en Pologne, savait défendre la religion. Elle était capable de réagir rapidement, avec précision et fermeté, aux menaces externes et internes auxquelles la foi était alors exposée. Surtout en cas de profanation des symboles religieux et de tentatives d'exploitation de la religion a des fins politiques. Maintenant, la réalité politique et sociale ayant changé, l'Église semble incapable de défendre la religion. Elle semble etre sourde et aveugle aux menaces pour la foi venant des forces d'extreme droite. Pourtant le combat direct contre la foi fait moins de tort a la religion que l'instrumentalisation de la religion a des fins extrareligieuses ou carrément contraires a la religion (j'ai a l'esprit, par exemple,  la haine au sein des groupes nationalistes ou religieux). Cette forme de combat-la contre la religion mobilisait les fideles, celle-ci sape le caractere religieux et le laicise.

Il est grand temps que l'Église de Pologne se réveille et prenne la parole dans cette affaire d'abus des symboles religieux a des fins extrareligieuses. Il n'est pas vrai qu'elle soit ici condamnée a l'impuissance. L'église a en main un instrument que peut lui envier tout pouvoir laic. Cet instrument, ce ne sont pas des forces de l'ordre, dont l'Église ne dispose pas, ni des tribunaux, ni un Parlement ou des diétines. Cet instrument c'est le Verbe, l'affirmation claire du fait que le symbole qui passe généralement pour religieux est effectivement un symbole religieux, ou du fait que ce suymbole ne remplit pas cette fonction car il est "profané", c'est-a-dire détourné, au service de fins extrareligieuses. Ce Verbe dépouille le symbole - réputé religieux - de son caractere sacré ou bien confirme ce caractere sacré.

Il n'est nullement nécessaire que l'Église soit propriétaire - comme certains le prétendent - du terrain sur lequel se trouvent les symboles religieux "contestables". Dans ce cas, l'évacuation des symboles qui ne remplissent pas les conditions du "caractere religieux" n'est pas l'affaire de l'Église mais l'affaire de l'autorité laique.

Une déclaration de l'Église de Pologne sur cette question serait terriblement importante. Pour deux raisons. D'abord, il faut que l'Église réaffirme de maniere limpide le droit inaliénable qu'elle seule possede en cette matiere. Car il semble que ces dernieres années l'Église n'affirme pas ce droit, tout a fait comme si elle l'avait cédé a des groupes prétendument patriotiques catholiques. Il ne peut etre question que chacun, de son propre chef, érige les symboles religieux chrétiens dans des lieux publics et exige que la communauté des fideles, ou carrément l'Église, défende ces signes en tant que reliques chrétiennes. Il ne peut en etre question, car en usant des symboles religieux le combat politique se renforce et - d'un autre côté - nous sommes de plus en plus souvent témoins de l'exploitation de ces symboles par la publicité.

D'aute part, une déclaration de l'Église selon laquelle elle seule peut décider qu'un symbole religieux donné emplit effectivement une fonction religieuse aurait son importance, en particulier lorsque la nécessité se présente d'enlever ces symboles - réputés comme "ne remplissant aucune fonction religieuse ou lui étant carrément contraires" - ou bien de les déplacer (car il peut se faire que ce symbole installé ailleurs acquiere alors une signification religieuse).

Cette déclaration serait importante afin, entre autres, que ceux qui se livrent a des actions pareilles n'éprouvent pas d'inutiles débats de conscience pour savoir s'ils agissent contre la religion ou contre Dieu.

Il vaut la peine de signaler en marge que la solitude de l'éveque local quant a une décision concernant les croix d'Auschwitz surprend. Le Saint-Pere souligne constamment que les éveques sont responsables non seulement de leur diocese mais encore de l'Église tout entiere. Dans ce cas concret, on ne voit pas cette collégialité épiscopale en Pologne. Tout au contraire. Non seulement on n'aide pas l'éveque de Bielsko-Żywiec, mais on met carrément le proverbial "bâton dans les roues" a son effort pour résoudre ce probleme. Car enfin, comment définir autrement les appels vagues et généreux lancés récemment par certains pasteurs de l'Église de Pologne: "Défendez la croix!"? Ces pasteurs-la ne se rendent-ils pas compte que leurs appels sont a double tranchant? Car on peut effectivement aujourd'hui "défendre" la croix de telle sorte qu'on la profane. Oui, en vérité ce ne sont pas ceux qui sont contre la Croix du Christ qui exigent le déplacement ou l'enlevement des croix de la graviere proche du camp d'Auschwitz, mais ceux qui les y ont installées et ceux qui se prononcent en faveur de leur maintien la-bas. La Croix du Christ ce n'est pas un poing fermé. Or c'est ce que sont les croix sur la graviere d'Auschwitz. Par la volonté de leurs bâtisseurs et de leurs alliés. Des poings serrés, contre.

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Artykuł pochodzi z numeru TP 13/2010

Artykuł pochodzi z dodatku „Żydownik Powszechny (Francais)